Aston, votre labrador, partage votre vie depuis des années. Après le diagnostic d’un cancer, à douze ans, sa santé s’est dégradée en quelques mois. Félix, jeune chat intrépide, s’est fait écraser l’arrière-train dans la rue voisine… Dans ces deux situations, le pronostic vital peut être engagé plus ou moins rapidement.

Nos animaux de compagnie sont exposés à des risques, qui nous confrontent parfois à la mort. Votre vétérinaire vous aidera à évaluer la situation, cependant il revient malheureusement aux propriétaires de prendre la lourde décision de mettre un terme aux souffrances de leur compagnon.

Quand prendre la décision de « le faire piquer » ? Comment l’euthanasie se déroule-t-elle ? Les questions sont multiples, dans un moment très intense auquel personne n’est jamais vraiment préparé. il est parfois plus simple d’avoir réfléchi à cette douloureuse question avant que l’échéance ne se présente.

1. Dans quels cas une euthanasie peut-elle être envisagée par le vétérinaire ?

L’euthanasie est une prescription proposée par votre vétérinaire pour offrir à un animal une fin de vie digne, sans attendre la mort naturelle. Cet acte médical consiste, dans la plupart des cas, à injecter une dose mortelle d’anesthésiant. Le décès survient en quelques minutes et est indolore.

Avant d’envisager cette décision – qui nécessite votre accord dans tous les cas – un examen soigneux de l’animal est effectué, au cours duquel son histoire médicale est retracée. Il est indispensable de disposer d’un diagnostic précis pour pouvoir estimer les chances de survie de votre animal (pronostic vital) et envisager les différentes pistes de traitements. Il est très important de mettre des mots sur la maladie.

Sauf dans le cas d’un accident brutal, le recours à cette piqûre létale est en effet l’acte final d’un processus thérapeutique. Pour prendre une telle décision, le recours à un second avis médical peut être envisagé.

2. Votre vétérinaire peut-il refuser d’euthanasier votre animal, si vous en faites la demande ?

La législation encadre en partie la fin de vie des animaux de compagnie. Dans le cadre de la protection de la population contre la rage, il est strictement interdit de mettre fin à la vie d’un animal qui aurait mordu et griffé depuis moins de 15 jours sauf accord de la DDCSPP locale.

Des textes sur l’interdiction de l’euthanasie de convenance, plus stricts que l’article  R655-1, sont en préparation. Ainsi, toute euthanasie qui ne serait justifiée médicalement ou sanitairement ne sera pas pratiquée par les vétérinaires de l’équipe de la clinique Be My Vet. Comme nombre de nos confrères, par respect de la vie animale et de nos valeurs, nous refuserons de pratiquer un tel acte si les raisons ne semblent pas valables.  

Les demandes de propriétaires concernant la fin de vie d’un animal âgé pour lequel aucun soin n’aurait été pratiqué pour tenter d’améliorer son confort, d’un chien difficile qui n’aurait pas subi un test d’évaluation par un vétérinaire comportementaliste ou encore un animal dont les soins permettraient une récupération complète  sans souffrance, ne seront pas satisfaites.

Chaque cas étant particulier, notre équipe est disponible pour discuter avec vous des solutions alternatives, pour vous expliquer les soins envisageables lorsqu’ils existent (« l’acharnement thérapeutique” n’étant pas non plus une solution respectueuse de l’animal). 

Si la question financière est au cœur de la problématique, de plus en plus de solutions sont disponibles via les associations de protection animale ou d’aide à la personne (Vétérinaire pour tous).

3. Faut-il toujours prendre un délai de réflexion avant de se séparer de son compagnon ?

Avant de décider de pratiquer une euthanasie, votre vétérinaire vous demandera toujours votre accord écrit, cette décision est la vôtre. Lors de la discussion avec lui, il est important d’aborder toutes les questions qui vous importent sur la situation de votre animal, de manière à prendre cette décision avec un maximum d’éléments objectifs.

Il est important de s’octroyer ensuite un temps de réflexion, plus ou moins long selon la situation. Cela peut aller de quelques minutes, dans le cas d’un accident brutal, à quelques jours ou semaines, selon le confort de votre animal, lorsqu’il s’agit d’une longue maladie.

Ce temps doit idéalement se dérouler dans une certaine intimité et permettre de consulter ses proches.

4. Comment annoncer la perte d’un animal aux enfants ?

Quand faut-il parler aux enfants : avant ou après ? Tout dépend des circonstances. Mais pour eux, la mort fait partie de la vie, il est donc préférable de leur expliquer la situation plutôt que de la leur cacher pour les protéger. C’est une occasion de partager avec eux vos valeurs et vos croyances, mais mieux vaut éviter les annonces brutales. 

 

Dans la mesure du possible, vous pouvez leur laisser la possibilité de dire au revoir à leur compagnon, avant de l’emmener chez le vétérinaire.

 

Certains ouvrages permettent de mettre des mots d’enfant sur la situation, nous pouvons vous en fournir si vous le souhaitez.

5. Quels sont les signes de la souffrance animale ?

L’arsenal thérapeutique à disposition des vétérinaires permet de soulager de nombreuses douleurs. Lorsqu’un diagnostic montre objectivement que l’affection conduira inexorablement au décès de votre animal, des solutions peuvent malgré tout permettre de le garder quelque temps dans votre foyer, afin de l’accompagner durant sa fin de vie à vos côtés. 

Ainsi, de nombreux signes permettent de détecter si votre chien ou votre chat a mal : cela peut aller d’un appétit très diminué, jusqu’au refus de se déplacer. S’il ne joue plus comme avant ou est agressif lorsque vous vous approchez ou tentez de le manipuler. Il peut également prendre des positions inhabituelles lorsqu’il marche ou même lorsqu’il est au repos. S’il s’agite, déambule, ou à l’inverse cherche à s’isoler. D’autres indices, comme le léchage d’une partie du corps, des gémissements ou vocalises, un sommeil perturbé ou des réveils fréquents, doivent aussi vous alerter.

Lorsque l’inconfort physique mène à une perte d’autonomie ou que la douleur ne peut plus être gérée convenablement ; lorsque l’atteinte morale entraîne la disparition des manifestations d’attachement, le désir de solitude, il est nécessaire -pour le bien de votre animal- d’échanger avec l’équipe vétérinaire afin d’envisager sa fin de vie.

6. Comment savoir si le choix de l’euthanasie est la bonne décision ?

Bien que nous souhaitions que nos animaux partent dans un dernier sommeil, à la maison, il est rare que les évènements se déroulent ainsi. Les dysfonctionnements du corps menant au décès sont malheureusement trop difficiles et trop longs à supporter pour nos compagnons. Il est important d’avoir le courage de les aider.

Il n’y a pas de bonne décision, il s’agit de choisir la moins mauvaise

L’euthanasie est toujours une décision difficile empreinte d’un sentiment de culpabilité. On sait qu’on a fait le bon choix quand la décision procure un apaisement et donne la sensation que l’on a respecté la relation et la confiance de notre compagnon.

Cela n’épargne pas de ressentir des sentiments comme la culpabilité, la colère ou le refus de la perte de cet être cher.

7. Comment se déroule l’euthanasie ?

L’euthanasie est un acte médical, qui permettra de faire partir la vie sans douleur et sans conscience, par une surdose d’anesthésiant.

Seul le propriétaire légal, enregistré sur le fichier national d’identification iCad, est habilité à réaliser une telle demande. S’il ne peut amener son animal, il devra réaliser une demande écrite donnant l’autorisation à la personne accompagnante de faire réaliser cet acte.

La fin de vie des animaux de compagnie est encadrée par la législation, des formalités  administratives seront  obligatoirement réalisées avant de procéder à l’acte d’euthanasie . Une déclaration sur l’honneur, indiquant que l’animal n’a ni mordu ni griffé depuis 15 jours, et n’a pas séjourné à l’étranger depuis 6 mois doit être faite. Si ces conditions ne sont pas réunies et que le report n’est pas envisageable, eu égard à l’état de santé de votre compagnon, une dérogation devra être demandée aux services de la DDCSPP.

Une fois les formalités administratives finies, différentes étapes se succèdent.

L’animal est anesthésié, avec un produit classique permettant de l’endormir comme pour une chirurgie. Cette phase peut durer de quelques secondes à quelques minutes en fonction de l’état général du patient. Ses mouvements et sa respiration vont ralentir progressivement, jusqu’à ce qu’il soit couché, ne répondant plus aux différentes stimulations. La seule chose qui différencie cet état de celui du sommeil est l’absence de fermeture des paupières, les yeux restent donc ouverts. 

Cette anesthésie peut durer jusqu’à quinze à vingt minutes, permettant de vous recueillir avant la seconde et dernière injection. Là encore, si l’état de l’animal n’est pas compatible avec une anesthésie, votre vétérinaire adaptera le temps de cette étape.

Lorsque l’animal est complètement endormi, une seconde injection d’anesthésiant surdosé est réalisée. Sa respiration s’arrête rapidement, puis son cœur cesse de battre. 

L’ensemble des muscles se relâche, entraînant une dilatation complète des pupilles, et parfois l’émission d’urines et de selles.

Bien que les différentes phases soient globalement les mêmes dans les structures vétérinaires, des différences peuvent survenir en fonction de l’état clinique de l’animal et des habitudes du praticien. 

Au sein de la clinique Be my Vet, nous vous accordons la possibilité d’accompagner votre animal pour la première anesthésie ou jusqu’à son dernier souffle. Dans la plupart des cas, une voie veineuse est posée afin de limiter les manipulations au strict minimum lors des différentes injections. Un temps de recueillement, seul avec votre animal, vous est laissé si vous le souhaitez.

Afin d’offrir une solution moins stressante pour votre compagnon et pour vous, ou si vous souhaitez l’accompagner dans l’intimité, il est envisageable de réaliser les derniers soins à votre domicile. Nous sommes à votre disposition pour vous renseigner.

8. Que se passe-t-il après la piqûre ?

La dernière injection réalisée, le vétérinaire vérifie que le cœur a cessé de battre. 

En accord avec la sensibilité de chaque propriétaire, différents choix sont possibles pour le devenir du corps de l’animal de compagnie.

L’ensevelissement du corps de votre défunt compagnon dans son jardin n’est plus possible depuis 2016.

L’incinération est la solution la plus fréquemment choisie. 

Qu’il s’agisse d’une incinération individuelle avec récupération des cendres ou une incinération plurielle, pour laquelle plusieurs animaux sont incinérés ensemble, les sociétés habilitées fournissent des garanties et un suivi assurant le respect du corps, et l’assurance de se voir restituer les cendres de son animal lorsqu’elle est souhaitée.

Il est également possible d’assister à une crémation privée.

Dans le cadre d’une incinération, le corps est placé dans une housse comportant un code unique assurant la traçabilité, et conservé en chambre froide chez votre vétérinaire, jusqu’à la prise en charge de la société de crémation.

Il faut compter une quinzaine de jours pour la restitution des cendres.

9. Peut-on enterrer son chien ou son chat ?

Les contraintes imposées par la législation concernant l’ensevelissement étaient très contraignantes afin de dissuader la plupart des propriétaires.

Le règlement  (CE) N° 1069/2009 du Parlement Européen relatif aux règles sanitaires applicables aux sous-produits animaux ne permet plus une telle pratique. En effet, l’article 8 de ce règlement classifie les dépouilles comme matières de catégorie 1, et l’article 12 stipule que celles-ci doivent être éliminées par incinération.

L’ensevelissement des cendres représente une solution moins complexe, mais surtout légale.

L’inhumation dans un cimetière pour animaux est également possible. Il en existe une trentaine dans l’Hexagone. Cette solution implique de négocier une concession et payer une taxe d’inhumation. Certains cimetières peuvent accueillir des animaux de plus de 40 kg (chevaux, fauves…) sous réserve d’avoir fait appel aux services d’un équarrisseur.

Dans le Maine-et-Loire, vous trouverez un cimetière animalier dans les villes de Beaune et Durtal.

Depuis plusieurs années, les cimetières virtuels se développent, comme animorial. Les familles peuvent y rendre hommage à leur animal disparu en indiquant ses dates de naissance et de décès, ainsi qu’une photographie. Il est possible d’ajouter des commentaires et des souvenirs.

10. Le deuil existe-t- il pour un animal ?

Il est normal d’éprouver du chagrin et de la douleur suite à la perte de son compagnon.

Les animaux de compagnie occupent maintenant une place comparable à celle d’un membre de la famille. Il n’y a pas de honte concernant la peine que l’on peut éprouver et seul le temps permettra d’estomper petit à petit le vide laissé.

Certains choisiront de jeter tous les effets personnels de leur animal afin de “ne plus y penser”, d’autres regarderont les photographies compilées au cours de leur parcours de vie… 

 

Le travail de deuil demande beaucoup d’énergie psychique. Il ne s’agit pas d’oublier, mais de transformer la relation avec l’objet d’attachement. Les rites funéraires ont pour fonction de signifier individuellement et socialement la séparation définitive, le « dernier adieu ». 

Ne rien faire serait faire comme si le lien n’avait jamais existé.

Parfois, le vide laissé par la perte d’un animal  est très éprouvant.

La question d’une nouvelle adoption peut donc être légitime mais ne doit pas être précipitée, car elle vous engage pour de nombreuses années.

Elle ne représente pas une trahison pour votre défunt compagnon car il ne s’agit pas de le remplacer.

Le futur animal doit être choisi pour lui-même, en respectant sa personnalité, qui ne sera en aucun cas celle de l’être perdu.